Légalisation du suicide dans toutes les institutions sanitaires et sociales. Le vote de la honte
Jeudi 11 février. Grand Conseil valaisan. Débat sur la loi intitulée « accompagnement en fin de vie ». Pas moins de 74 amendements ont été déposés, la plupart par les groupes UDC et SVPO, les autres par Chantal Voeffray Barras et Xavier Fellay qui semblaient bien esseulés dans leur propre groupe.
Le cœur du débat a été l’amendement 8, proposition du groupe UDC, par Bruno Perroud qui proposait de remplacer l’article 1, alinéa 3 « Toute personne a le droit d’exercer sa liberté personnelle pour mettre fin à ses jours dans la dignité » par « L’assistance au suicide représente, dans le cadre légal, une liberté individuelle et non pas un droit. » L’enjeu de cet amendement était d’éviter que le suicide assisté devienne un droit contraignant.
Diego Clausen, CSPO, s’est étonné de voir que le parlement voulait créer une loi qui exerce une contrainte sur toutes les institutions, rappelant que depuis le début, en mars dernier déjà, les adeptes du suicide ont toujours dit qu’il s’agissait d’inscrire dans la loi une liberté et non pas un droit. Différence subtile que Barbara Lanthemann, PS, a tenu à souligner en reprécisant que la loi donne le droit à la personne de se suicider en institution, mais ne fait pas du suicide un droit pour autant. Allez comprendre ! Surtout qu’un peu avant le vote final elle s’est fendue d'un « Nous devons garantir le droit à cette liberté ! » Plus direct, le rapporteur même de la commission SAI, Jean-Michel Savioz, PLR, a déclaré sans détour : « L’assistance au suicide est un droit et une liberté. » Au moins, c'est clair.
Malheureusement, là encore, cet amendement a été balayé par une majorité de députés.
Plusieurs députés ont relevé que la commission SAI a étendu l’assistance au suicide aux institutions sociales sans les avoir consultées et alors même que le projet de loi, qui avait fait l’objet d’une consultation en 2018, ne portait que sur les EMS. Tous, jusqu’au président de la commission SAI, l’ont reconnu, admettant « une maladresse de la commission ». Mais malgré cela, une majorité de députés a balayé ce vice de forme, considérant la consultation des institutions concernées comme sans importance, signe évident que la plupart des députés voulaient passer en force sur le suicide et qu’il n’y avait aucun désir de participer à un débat constructif.
La majorité des députés a même été jusqu’à refuser la proposition de Mme Chantal Voeffray Barras de créer une commission de surveillance en matière d’assistance au suicide, alors que l’actualité récente a démontré que les associations d’assistance au suicide ont plus d’une fois dépassé les limites autorisées. A tel point que Pascal Salzmann, SVPO, en est venu à demander à ses collègues s’ils étaient à ce point convaincus d’avoir créé une loi incontournable.
Il reste de ce débat un goût amer comme l’a relevé Diego Clausen, CSPO, soulignant qu’on a parlé que de suicide assisté, les soins palliatifs devenant le parent pauvre de cette loi. Bruno Perroud et Grégory Logean ont encore relevé, à plusieurs reprise, l’incongruité de tenir un tel débat dans la période actuelle de pandémie, rappelant qu’alors que les EMS sont actuellement fermés, on veut les ouvrir non pas aux familles, mais aux organismes qui dispensent le suicide assisté.
Le vote final donnera 71 pour le suicide et 50 contre. Etant très controversée, la loi n’a néanmoins pas passé la rampe de l’adoption en une seule lecture pour laquelle il aurait fallu les deux tiers du parlement. Pour une lecture unique : 68 ; pour une deuxième lecture : 58.
Le mot de la fin à Pascal Salzmann, SVPO, dans ce pays, « on ne peut même pas mourir sans avoir une loi ! »
Dès demain nous mettrons en ligne les votes nominatifs afin que vous sachiez quels députés ne vous pousseront pas au suicide une fois ré-élu.
Olivier Dehaudt