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Le délire climatique

  • Olivier Dehaudt
Le délire est le trouble psychique d’une personne qui a perdu le contact avec la réalité, qui perçoit et dit des choses qui ne concordent pas avec la réalité ou l’évidence, quelle que soit leur cohérence interne. Il n’y a pas de mot plus adapté pour qualifier l’engouement pour le changement climatique et les multiples théories qui nous sont servies chaque jour par les médias mainstream sur la question.

Fin mai 2023, je recevais le matériel de vote pour la votation du 18 juin concernant les trois objets que vous connaissez, dont un concernait la loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat.

C’est toujours avec une certaine lassitude que j’ouvre le petit carnet rouge, pourtant qualifié de « Bestseller de l’administration fédérale » par la Neue Zürcher Zeitung, dans un article de Christof Forster, le 12 novembre 2014.

Il est vrai qu’il y a des lectures plus divertissantes et que tous ces textes, surtout quand il y a trois objets soumis à votation –pour le coup en juin, c’étaient 55 pages de lecture–, sont assez rébarbatifs même pour ceux qui s’intéressent à la question.

Mais bon, il faut bien s’informer alors pourquoi pas faire un petit effort et se plonger dans ce bestseller. Comme je ne me sentais pas de tout digérer, j’ai jeté mon dévolu sur le deuxième objet intitulé «loi sur le climat et l’innovation».

Consommation des chauffages électriques VS consommation des voitures électriques

Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les paragraphes concernant les chauffages électriques. « En hiver, les chauffages électriques représentent environ 10 % de la consommation d’électricité en Suisse. C’est presque autant que ce que produisait la centrale nucléaire de Mühleberg chaque année avant sa désaffectation. Remplacer les chauffages électriques permet d’économiser beaucoup d’électricité en hiver. »

Et, en effet, le remplacement des chauffages électriques est un des trois piliers de cette loi (Art. 50a). Il vise à « économiser beaucoup d’électricité » comme le dit la brochure (p. 29).

Kernkraftwerk Muehleberg

La centrale nucléaire de Mühleberg, définitivement arrêtée depuis le 20 décembre 2019, située dans le nord du canton de Berne (Suisse). Elle a été exploitée pendant 47 ans.

En faisant quelques recherches sur internet, j’ai trouvé que la centrale nucléaire de Mühleberg, avant sa désaffectation en 2018, avait couvert 12 % des besoins suisses totaux en électricité (swissnuclear.ch1). Les chiffres concordent à peu près.

Voyons maintenant la consommation d’une voiture électrique, puisque ce véhicule est à la mode et qu’une grande partie de la classe politique souhaite même faire en sorte qu’il remplace, de gré ou de force, les véhicules à combustion.

Une voiture électrique consomme entre 15 et 25 kWh aux 100 km. En prenant une moyenne de 20 kWh aux 100 km et 20’000 km par an, j’arrive à une consommation de 4’000 kWh par an. Selon suisseenergie.ch, la consommation d’électricité d’un ménage affiche 5’000 kWh par an en moyenne. Et selon www.strom.ch2, les ménages «consomment un tiers du courant électrique en Suisse».

L’EU veut interdire les véhicules à combustion d’ici 2035. En Suisse, le PS et les écologistes qui, selon toute apparence, prennent leurs ordres à Bruxelles, ont fait un copier-coller avec l’initiative parlementaire de Gabriela Suter intitulée : « Interdire les nouvelles voitures équipées d’un moteur à combustion à partir de 2035 pour atteindre les objectifs climatiques dans le secteur des transports ». Cette initiative a été votée au parlement le 15 mars dernier et a été rejetée par 106 voix contre 83. L’UDC, le PLR et le Centre (moins deux brebis galeuses) contre le PS et les Verts.

Suivons la logique des socialistes et des verts. Selon bfs.admin.ch3, environ 78% des ménages suisses possédaient au moins une voiture de tourisme en 2021 et près d’un ménage sur trois (29%) indiquait en avoir deux ou plus. Simplifions ces chiffres pour le calcul et disons que deux tiers des ménages suisses possèdent au moins une voiture de tourisme tandis qu’un tiers en possède deux. Si les politiques décident de supprimer les voitures à combustion et que tout le monde doive remplacer son véhicule à combustion par un véhicule électrique, cela signifie que la consommation électrique des ménages va tout simplement doubler.

Je sais que ça fait beaucoup de calculs à se mettre en tête et que vous êtes probablement en train de me lire adossé à votre oreiller, à deux doigts de vous endormir, mais faites un petit effort !

Si vous me suivez bien, avec la loi sur le climat, la classe politique entend supprimer les chauffages électriques qui représentent 10% de la consommation d’électricité annuelle suisse et, par une autre loi, cette même classe politique veut imposer les voitures électriques qui vont représenter 33% de la même consommation d’électricité. En d’autres mots, il faudra au minimum trois centrales nucléaires comme celle de Mühleberg (qui vient d’être mise hors service pour des raisons climatiques) pour alimenter toutes les voitures électriques que l’Etat va vous obliger à acheter.

Le grand remplacement des centrales nucléaires par des moulins à vent

Cerise sur le gâteau, cette même classe politique veut supprimer toutes les centrales nucléaires pour les remplacer par des éoliennes. Selon energyscope.ch, il faut 760 éoliennes pour remplacer une centrale comme celle de Mühleberg4. Swiss Energy Scope précise : « Si l’on installait ces éoliennes dans un même parc, la surface nécessaire avoisinerait 150 km2, soit à peu près la superficie totale des lacs de Lugano (49 km2), Thoune (48 km2) et Bienne (40 km2). »

Comme Mühleberg ne représentait que 10% de la consommation suisse, il faudrait donc 1’500 km2 de surface et comme la consommation électrique augmentera d’au moins 33% avec les nouveaux véhicules électriques, il faudrait encore 33% de surface supplémentaire, soit au total environ 2’000 km2 de territoire suisse rempli d’éoliennes. 2’000 km2, c’est plus que le canton de Fribourg (1671 km²). Adieu double crème, bonjour crème fouettée.

Je vous dois une petite précision. Après avoir évoqué l’initiative parlementaire de la socialiste Gabriela Suter qui voulait, à l’instar de Bruxelles, interdire les voitures à combustion, initiative qui a été rejetée clairement par le camp bourgeois, j’ai parlé de la classe politique en général disant, par exemple, la « classe politique veut supprimer toutes les centrales nucléaires pour les remplacer par des éoliennes ». Pourquoi ? Parce qu’il y a forcément plusieurs politiciens du camp bourgeois qui sont des as du retournement de veste et qui permettent l’avancée inexorable des idées de la gauche. Des politiciens très critiques contre la fameuse Stratégie énergétique 2050 mais, qui une fois élus, se transforment en moutons dociles qui se fondent dans le système en place et dodelinent de la tête pour garder leurs prérogatives.

Mais il y a aussi la force d’inertie du peuple, le souverain, le nomme-t-on ainsi en Suisse. Maintes fois, j’ai entendu vanter la souveraineté du peuple suisse. Souverain, peut-être, mais l’histoire de l’humanité est jonchée de dépouilles de souverains mal conseillés, malavisés, imbus d’eux-mêmes ou tout simplement stupides. Et il faut bien constater qu’au fil des dernières décennies, le souverain suisse est de moins en moins clairvoyant dans ces décisions.

Un souverain malavisé

Récemment, je suis retombé sur un mail que j’avais écrit à un politicien en 2019 suite aux élections au Conseil des Etats. Je faisais un bilan de la situation en Valais et faisais remarquer que 87% de la population avait voté soit Marianne Maret, soit Mathias Reynard, deux candidats ouvertement en faveur du mariage homosexuel. Je prédisais que les prochaines votations révèleraient le niveau de décadence du peuple suisse, et qu’on serait certainement à moins de 20% des votants en faveur de la loi naturelle et du bon sens.

Mes prédictions étaient sévères, mais pas si éloignées de la réalité que ça. Le 26 septembre 2021, nous étions, en Suisse, seulement 35.9% à refuser le mariage contre nature des homosexuels. Une année plus tard, le 27 novembre 2022, nous étions, en Valais, seulement 23.45% à refuser le suicide des vieux, des malades et des handicapés. Et c’est donc tout naturellement que le 18 juin dernier, le Souverain malavisé a foncé tête baissée dans le délire climatique en acceptant à 59.07% la loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat.

Des individus qui ne cessent de prendre des décisions contre l’ordre naturel, contre leur propre conscience et finalement contre Dieu, tombent progressivement dans un tel obscurcissement de l’intelligence qu’ils ne deviennent plus capables de prendre une décision rationnelle et éclairée sur les sujets même les plus simples.

Olivier Dehaudt

NOTES
1) swissnuclear.ch
2) strom.ch/fr/
3) bfs.admin.ch/bfs/fr/
4) energyscope.ch/fr/questions/

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